Après avoir parcouru les colonies françaises, après avoir retrouvé les bancs de l’école, il était temps que je rentre à Ryoko Owari pour caresser le dragon et parier sur des combats de scarabés.
L5R (L’acronyme pratique) c’est quand même le jeu qui aurait valu deux billets de mes petites mains, de l’amour dans le texte et des scénarios dont j’aime encore les moments partagés avec mes joueurs aujourd’hui. A force de l’avoir maitrisé, je pouvais me la ramener doucement sur pas mal de points de son histoire foisonnante, c’était un peu devenu mon histoire à moi. Et puis Fu Leng revint une dernière fois à la vie tel le méchant Hollywodien qu’il était et la gamme changea de propriétaire. Nouveau jeu de carte, reboot de l’univers et de ses règles, tout m’était arraché. Il ne me restait plus que mes souvenirs et une carpe opulente dans la main. Rien ne serait plus jamais pareil et je ne pouvais éternellement repousser la lecture de l’ouvrage…
Si vous avez compris la moitié de mes références, sachez que quelque part je vous aime. Sinon je vous conseille d’aller lire mes précédentes chroniques avant de parcourir celle-ci. Dans tous les cas, bienvenu donc dans la 5éme édition du jeu qui m’accompagne depuis longtemps, bienvenu dans l’Empire d’Emeraude (Faut imaginer comme son d’introduction, le bruit d’une grue qui discute avec un singe !)
Une édition, oui, mais une édition prestige !
Si je vous avais vanté les mérites par le passé des qualités esthétiques d’L5R, sachez que je vais pas me répéter. F**** B**** de M**** mais que c’est toujours aussi beau ! J’avais à peine le bouquin dans les mains qu’il m’envoyait des coups de katana dans les mirettes ! Fantasy Flight Games (l’éditeur) abuse des illustrations de son jeu de cartes pour faire du livre de base un petit bijou. Voilà, c’est dit… Si on était dans un bon vieux duel, je serais déjà vaincu ! Ma remarque est tout aussi valable pour l’écran qui joue des couleurs et du trait pour donner à L5R une débauche pastel qui m’a fait chaviré !
Je dis pas qu’un jeu c’est qu’une question de jaquette mais L5R sait soigner son entrée !
Une édition, oui, mais de l’innovation que diable !
Exit les d10 qui explosent et bienvenu dans la tendance du moment, les dés avec des symboles qui veulent dire des choses ! D12 et D6 pimpés sont dorénavant les bases du système. En gros, tout d’abord, vous définissez la compétence et l’approche (comment comptez-vous agir) de l’action. Cela va définir le nombre de dés que vous allez jeter (Oui l’innovation à ses limites). Chaque symbole sur les dés a un sens différent et va influer le résultat de votre action.
Soit un succès, soit un succès qui explose, soit rien, soit une opportunité qui vous permettra d’influer sur le résultat, soit un conflit qui exprime les émotions qui rongent votre personnage. Et enfin vous pouvez sur une même face de dés avoir une combinaison de plusieurs symboles.
Système participatif puisque le joueur et le mj doivent raconter l’action et prévoir des conséquences qui modèrent les défaites et embellissent les victoires. Personnellement j’aime bien l’idée mais ça demande du matériel à chaque joueur, matériel qui coûte un peu d’argent, ce qui va tempérer mon avis. De plus comme ce n’est pas un système intuitif, il faut prévoir le temps d’adaptation. Temps qui peut ralentir la narration du jeu.
Une édition oui mais une édition de roleplay !
Le système est donc narratif pour ces jets de dés. Chaque élément décrit une façon différente d’entreprendre une action et choisir un élément dépend soit du contexte soit de la volonté du joueur pour son personnage. Même chose du côté des « conflits » qui offrent une jauge de la frustration du personnage dans une société aussi codifiée que Rokugan et qui permettent de « craquer » avec ses conséquences autant positives que négatives.
On va retrouver, aussi, dans la liste des atouts/handicaps des mécanismes purement roleplay (sans jets de dés) pour décrire les effets. Même chose du côté des facultés de chaque clan, on met l’emphase sur le descriptif plutôt que sur des règles.
Mais parfait allez-vous me dire ! Eh bien oui l’initiative est là mais non il a quand même fallu faire un système poussif. Si tout dans les règles odore la tentative de donner une coloration jeu de rôles, ca reste beaucoup de règles et de renvois à des descriptions qui plombent la fluidité de l’ouvrage et la narration des événements.
Une édition oui mais une édition trop courte !
Et là viendra ma seule vraie critique par rapport à cet ouvrage. L5R a été rebooté pour permettre de nouvelles bases. On est à l’époque bénie des Hantei, avant que les Scorpions ne viennent assassiner l’Empereur. C’est le parti pris de FF Games et je trouve ça bien qu’ils se réapproprient la gamme et qu’ils lui donnent une tonalité différente que le matériel d’origine.
L’histoire sera, à nouveau, écrite par les tournois du jeu de cartes mais pour l’instant les enjeux sont raisonnables (On a pas eu de Kami venu de nulle part ou de meurtre de l’Empereur) avec la nomination de tel clan comme Champion d’Emeraude ou l’acceptation de tel coutume à base de crottin de cheval chez les Licornes dans le reste de l’Empire (Alors j’adore les Licornes pour le côté exotique mais ils sont teeellement digne de sarcasme <3 )
Mais dans les faits du livre, niveau back et historique c’est à peine survolé et ma frustration vient de là. On a l’impression d’avoir droit à une photo de familles où votre mère aurait collé un post-it en dessous de chacun des membres de la famille éloignée pour pouvoir vous aider à les reconnaître. Ca fait le travail mais c’est pas comme ça vous pourrez parler d’eux correctement. Donc soit vous êtes des fans acharnés des précédentes éditions et vous pourrez compléter les trous soit vous allez devoir improviser entre les lignes. On va devoir attendre que des tournois de carte aient lieu et qu’ils désirent remplir le lore pour justifier de nouvelles cartes pour avoir une idée correcte du passé de l’Empire.
Exemple, le personnage Licorne il connait des mots dans diverses langues… On lui dit yvarien, portugos dans les possibilités. Idéalement on met un petit encart sur les royaumes liés aux langues et ce que les Licornes peuvent en dire. En pratique les auteurs font du name droping des familles qui veut rien dire. Je suppose juste que la Licorne aime le porto et les plats super épicés.
Même chose pour les clans mineurs qui sont nommés sans réels approfondissements avec en bonus le Clan du Chat qui est un clan d’acrobate de cirque. La noblesse du samurai il en prend tellement un coup que je me demande même ce qui est passé par la tête des auteurs. Clan d’ailleurs absent des éditions précédentes, une innovation douteuse en somme.
Une édition qui nous rapproche quand même !
Parce qu’au final je déplore l’absence de back dans le bouquin de base mais c’est pas le premier qui veut vendre ses extentions, parce que je peux pas reprocher (totalement) la volonté de rebooter un univers parfois sacrément bancal et enfin je peux pas reprocher la volonté de rôle derrière les règles.
La première extention devrait etoffer l’univers et parler plus précisement de l’Empire d’Emeraude et je vous ferai sans doute un compte rendu de celle-ci.