Review (VO) : Odyssey of the Dragonlords (DD5)

Le Quarantenaire se grattait la bedaine devant une statue de Léonidas (pas le chocolatier, le type avec une lance qui vient de Sparte) : le gaillard était cool et portait le slip comme personne. Il se dégageait tellement de coolitude de ses sandales qu’on avait envie de les embrasser. Pourtant, (la bedaine ça aide à réfléchir); c’est comme s’il lui manquait quelque chose. Quelque chose qui ferait passer Zeus pour un vieillard priapique et incontinent à la fois… 

C’est alors que l’illumination vint. Comme un burp sonore – parce que ça devait sortir, comme on dit. 

Un dragon ! 

Oui, un dragon et une moustache ! Le dragon, c’était la pierre angulaire de toute une génération de rôlistes mais aussi des lecteurs du Trône de Fer et surtout… surtout… c’était indémodable ! C’est ainsi que naquit Léonidas, le chocolatier hipster et son lézard fairtrade

Suite au flop mondial du produit, on remerciera les muses d’avoir refilé le concept à d’autres gens mieux inspirés afin de nous donner Odyssey of the Dragonlords motorisé par DD5 et qui se pose là comme une campagne de qualité.

Fiche technique

Editeur: MODIPHIUS ENTERTAINEMENT

Pagination: 482 pages

Résumé: Join with other prophesied heroes to undertake an epic quest to save the world of Thylea, sail the islands of the Forgotten Sea, and battle the Titans! The adventure will take a party of heroes from 1st to 15th level (or higher).
Un héros c'est avant tout une posture et surtout des jambes epilees !

« Pythor c’est le Dieu de la Guerre, Le Roi de Théus, le Maître des cent batailles ! Et il peut être aussi votre père ! Oui avec notre programme de fidélité, découvrez-vous un paternel divin comme jamais les mondes n’en ont connu ! Attention la direction se réserve le droit de modifier les détails du contrat sans votre assentiment. »

De quoi nous parle donc Odyssey ?

Le monde, Théa, a vécu des siècles sous le joug des Titans. On les priaient par crainte car, soyons honnête, en bons bourreaux de l’Humanité (j’entends là tout humanoïde non monstrueux), ils réclamaient moult sacrifices en échange de juste ne pas pourrir votre quotidien.

Ces charmants individus terrorisèrent le monde entier jusqu’au jour où surgirent de nulle part des Seigneurs-Dragons (aussi classes que la sandale à Léonidas) pour mettre fin à la tyrannie. Ce fut un combat épique et on peut dire aussi que ce fut une hécatombe pour tout le monde. Mais à la fin, les Titans furent vaincu et se retirèrent dans leurs domaines, promettant de ne plus interférer dans la vie de Théa pendant les 500 prochaines années. Les survivant parmi les Seigneurs-Dragons furent déifiés et l’Humanité pu prospérer à nouveau !

Aujourd’hui, alors que 500 ans se sont écoulés, les Dieux semblent ne plus répondre aux suppliques des mortels, et des agents des Titans surgissent partout sur Théa pour réclamer le retour aux vieilles allégeances. Tout cela coïncidant avec la fin de la trêve.  Serait-ce donc la fin de Théa, le déclin du monde tel que nous le connaissons ? L’Oracle en tout cas l’a prédit ! Heureusement, elle a aussi prédit la venue de héros qui s’élèveront pour ressusciter les contes des Seigneurs-Dragons et achèveront ce que ne purent faire leurs glorieux prédécesseurs : tuer les Titans une bonne fois pour toute !

Avouez quand même que c’est du pitch vendeur… Je vous en fait une petite tranche,  et si avec ça vous ne ressortez pas dans la rue avec la niaque à Agamemnon, je vois pas ce que je peux faire de plus ! 

Alors, c’est bien, Odyssey ?

Cela dit, un bon concept n’est pas nécessairement une bonne campagne et il en faut plus pour se démarquer de la concurrence. Et c’est là que je suis joie car Odyssey est une sacrée réussite !  Vous me voyez sortir les cotillons et les jeter autour de vous ? C’est pour pouvoir partager ce moment avec vous <3 

Races antiques

Déjà, pouvoir jouer un satyre, un minotaure, une méduse ou un centaure, c’est se faire plaisir comme Donjon le fait si bien et surtout, c’est pile dans le thème. Alors oui, y’avait déjà des morceaux dans les éditions précédentes (par exemple, le classique don d’orientation des Minotaures). Mais sur le côté, y a d’excellentes surprises. La Sirène, par exemple, qui selon son humeur peut voler ou enchanter par sa voix. C’est un sincère plaisir d’entendre le joueur l’interprétant réfléchir à ce qui s’est passé la veille pour savoir s’il est de bon ou de mauvais poil au réveil.

Si les races « antiques » ne vous passionnent pas, laissez-vous tenter par des nouvelles déclinaisons de classes ! L’Amazone (archétype rôdeur), le Soldat Arésian (archétype moine) et le Philosophe (Archétype Mage) entre autres, offrent des customisations à l’antique !  A ma table (autant me baser sur mes adorables joueurs), la plupart (sauf le biclassé) ont suivi les voies proposées par la campagne. Pas spécialement parce qu’elles sont puissantes mais parce que ça le faisait bien, niveau immersion. Odyssey a donc réussi à les plonger dans l’ambiance directement.

Malédictions, serments et gloire

Derniers mécanismes décrits : les malédictions, les serments et la gloire. Les deux premiers sont intrinsèques aux bonne tragédies (Coucou Œdipe et le meurtre de Papa). 

Niveau serments, ils peuvent concerner autant les mortels mais que les Dieux. Il n’y a pas vraiment de mécanique en termes de règles, mais plutôt une notion de roleplay importante à utiliser, qui explique aussi le pourquoi des agissements des Dieux et des Titans. 

Les règles concernant les malédictions sont un peu plus détaillées, avec des Erinyes en juges et bourreaux. En cas de parjure, la punition peut être très pénalisante (mais en tout cas c’est rigolo). Les joueurs feraient mieux d’y réfléchir à deux fois avant de rompre une promesse ou d’aller piller une tombe.

 

Quant à la gloire, elle est la quintessence des conséquences d’être un héros et apporte une mécanique de reconnaissance sociale aux conséquences inattendues.

Parce que la mythologie c'est aussi une passion pour la décapitation !

Les Voies épiques : comment personnaliser votre aventure un peu plus

Enfin, le petit truc qui fait la différence (selon mon humble bedaine) est le système de Voie épique. Petite digression de ma part sur un souci que je rencontre souvent avec les campagnes officielles : l’histoire est souvent écrite pour être jouée quels que soient les archétypes des personnages, parfois même quelles que soient les décisions (mineures) des joueurs… et ça me gratte. Ca donne un peu le sentiment que n’importe qui peut vivre l’histoire que je vais jouer parce que l’important c’est le récit, et non ce que je suis. En soit, ça n’empêche pas de s’amuser et le plaisir partagé d’une aventure bien fichue… mais pour moi qui aime les campagnes faites à la mesure des PJ, ça me laisse un goût de trop peu.

Dans Odyssey, donc, si le joueur choisit une Voie épique à la création de son personnage, son destin sera intimement lié à celui de la campagne, et il faudra compter plusieurs moments dans l’histoire consacrés à cet aspect du personnage. 

C’est le parfait compromis entre la création libre de personnage, dont le concept est plus ou moins indépendant de celui de la campagne dite « générique » (C’est-à-dire que n’importe quel personnage pourrait la jouer) et la campagne taillée sur la mesure des personnages (ce qui représente sacrément plus de boulot pour le MJ). 

Dans le bon sens, ça fait un peu penser à un jeu vidéo. Par exemple, dans Dragon Age, selon vos décisions de création, vous aurez parfois des dialogues différents. Finalement, le parallèle n’est pas surprenant, sachant que parmi les auteurs d’Odyssey se trouvent d’anciens du studio de jeux vidéo Bioware, aka les champions des RPG qui donnaient l’illusion que votre campagne était unique et dépendaient de vos seuls choix.

« Envie de repas familiaux plus animés ? Profitez de notre offre ‘Malédiction pour tous’ et faites de Mamie la nouvelle Méduse ! Ou pourquoi ne pas transformer votre tonton raciste qui n’aime pas les barbares en centaure incontinent ? N’attendez plus et venez rompre vos serments avant les fêtes de fin d’année ! »

Mais l’histoire, elle est bien ?

Passons maintenant au plat de résistance, l’histoire !

Je vais commencer par encenser l’histoire générale. Déjà, on vous prépare à latter du Titan, autant dire des Dieux, et rien que ça fait rêver. Le chemin pour y parcourir va être parsemé de concentrés d’héroïsme, de révélations et de rebondissements qui devraient marquer l’esprit des joueurs.

Plusieurs endroits à explorer sont dans le thème antique-épique et vont apporter leur lot d’ambiances à déguster. Actuellement dans la campagne, mes joueurs se préparent à aller souffler dans la corne issue d’un dragon et l’endroit où se terre l’artefact tient du conte qui a dégénéré de façon antique. Rien que ce scénario-là pourrait faire l’objet d’un scénario one shot tout aussi mémorable.

La galerie des PNJ est vraiment sympa. Les Dieux ne sont pas des créatures éthérée, il s’en dégage un côté Hercule et Xena avec ces dieux finalement très proches de nous. Souhaitez tout le courage du monde aux PJ lorsqu’ils les rencontreront parce que ça vaut son pesant d’or…

Quant aux non-Dieux, ils ont l’ambition à la mesure de leur mortalité. Plus accessibles que le divin mais généralement gens d’importance, ce sera difficile pour les PJ de passer à côté. 

Ca se ficelle vraiment bien et je prends plaisir à voir mes PJ jouer telle ou telle scène, que je n’aurais pas forcément retenu à la première lecture. Preuve que le jeu a réussi sa narration.

Enfin, je me permets de revenir sur les quêtes épiques que j’affectionne tant. Si elles sont un excellent outil de personnalisation de campagne, l’écriture n’est pas en reste. Que vous soyez le fils d’un dieu à la recherche de la reconnaissance paternelle, que vous descendiez d’une famille maudite par les Titans, que votre lignée prestigieuse semble vouée à l’extinction, que votre famille ait été massacrée par un dragon gigantesque ou que vous êtes un Seigneur-Dragon qui s’éveille après 5 siècles de sommeil, vous allez avoir envie de connaître le fin de mot de votre histoire. Personnellement,  j’aime beaucoup le come-back du Seigneur-Dragon, mais je ne vous spoilerai pas pourquoi… 

 

Allez donc lire le bouquin si vous êtes MJ ! (ou trouvez vous une table pour jouer !)

En conclusion

Odyssey est une bonne surprise. L’Antiquité n’est pas un thème abordé régulièrement dans Donjon et la campagne le fait bien. Le plus agréable c’est qu’à la lecture, j’ai juste trouvé ça bon. Et lorsque j’ai commencé à maîtriser, à rire avec mes PJ, le potentiel de cette campagne est devenu une évidence, c’est pour ça d’ailleurs que je vous la conseille si vous cherchez à exploiter votre gamme DD5 !

Allez je repars à mes prochaines lectures et d’ici là, prenez soin de vous les gens ! 

C'est ce que on appelle avoir quelqu'un à l'oeil !

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