Review (VF) : Créatures – Inframonde (Dragons)

Les mondes souterrains, qu’importe le livre que vous allez ouvrir, ce sont des univers mortels où la vie ne tient qu’à la prédation qu’elle a sur son prochain. C’est aussi, souvent, des univers fascinants qui regorgent d’endroits étonnants et merveilleux. 

Jules Verne l’avait fait avec les dinosaures qui auraient survécu au centre de sa Terre. En JDR, y a l’Outreterre (je me base ici sur le livre DD3.0/5) avec l’histoire des Aboleth qui régnaient un jour sur le monde et qui s’étaient réfugiés au centre du monde pour pouvoir revenir un jour. N’oublions pas Eberron avec une tonalité quasi mystique où le centre du monde est un dragon endormi, Khyber, dans lequel les nains creusent pour en extraire des richesses, quitte à en mourir des mains de ses cauchemars. On retrouve cette tonalité désespérée dans les jeux vidéo avec par exemple Dragon Age sur une interprétation désespérée de nains qui se sacrifient en empêchant le mal de ressurgir de l’antre de la terre. 

C’est dire comme j’en attendais d’Inframonde. Quel enfer allait nous offrir le Studio Agate ? Et bien je n’ai pas été déçu, ce n’est pas “une” mais littéralement trois horreurs bien distinctes, antagonistes tout autant que mortelles pour le reste du monde, qui sont décrites. Ces menaces sont utilisables les unes sans les autres et peuvent être adaptées sans souci. Seulement, ensemble, elles transforment ces souterrains en un univers unique et vraiment original !

Bon là je vous ai donné envie d’en savoir plus ? Alors c’est parti pour une présentation des trois façons de se faire tuer les plus prestigieuses sous terre !

Fiche technique

Éditeur : Studio Agate
 
Pagination : 396 pages
 
Résumé : Créatures – Inframonde est un compendium de monstres ainsi qu’une boîte à outils pour vos aventures et campagnes souterraines. Il est autant destiné à la gamme Dragons qu’à tous les jeux de rôles utilisant les règles de Donj’ 5.
Il comprend plus de 180 créatures illustrées pour tous les niveaux, dont 150 totalement inédites et 30 reprenant de grands classiques comme l’Aboleth ou le Cthuul en y ajoutant de nouvelles options, 5 espèces jouables (Drows, Duergars, Sidhes des profondeurs, Torves et Svirfnebelins), des pistes d’aventure, des dons et handicaps inédits, 12 nouveaux objets magiques, 8 nouveaux archétypes fournissant de quoi concevoir de nouveaux monstres pour vos parties… et bien d’autres choses encore !
 

L’Eau Noire : la maman de toutes les aberrations !

Vous vous rappelez des Aboleth ? Et bien sachez qu’ils viennent d’un autre monde ici et n’ont trouvé qu’au centre du monde, un endroit qui ne soit pas totalement hostile à leur mode de vie. Depuis, ils n’ont de cesse de faire muter le monde pour survivre et recréer le leur.  Au fur et à mesure de leur emprise sur leurs environnements, la nature devient « aberrante » et offre un décor en constante mutation peuplé de créatures étranges qui devraient prendre au dépourvu vos joueurs. 

L’idée de prendre le terme d’aberration au sens littéral et lui donner un côté SF au med-fan, j’aime beaucoup.

Et si vous jouez dans les Royaumes Oubliés, je pense sincèrement que vous prenez ces bons vieux Illithids (flagelleurs mentaux pour les intimes), vous rajoutez la flore aberrante du bouquin et vous allez ajouter une touche de … bah… d’extraterrestres sympathiques comme tout !

Vous trouvez ça un peu dégueu ? Attendez qu’on parle de la suite !

Le Chancre et son réseau nerveux étendu

Le Chancre, c’est une forme de vie qui n’a qu’un objectif, proliférer. C’est d’ailleurs ce que toute forme de vie fait non ? Pour ça elle absorbe tout sur son passage  qu’elle régurgite via ses nids sous une forme plus adaptée à ses besoins. Une sorte d’immonde fourmilière assimilatrice. C’est juste parfaitement dégueulasse et les dessins leur rendent hommage.

Et pour deux petits détails des familles, sachez que le réseau nerveux du Chancre ressemble à des veines sur les parois des grottes, que les personnages pourraient avoir envie de toucher. Je vous dirai pas ce que ça fait parce qu’il y a peut-être des joueurs qui me lisent mais franchement faites-le au moins une fois ! Je dis pas que c’est une bonne idée, je dis juste qu’il ne faut pas mourir idiot ! Ensuite, on parle souvent avec Dragon de bestiaire revisité mais l’hydre façon chancreuse qui porte en son sein le cœur d’un nouveau nid tout en le protégeant avec des têtes qui repoussent. Avouez, c’est quand même terrible non ? 

Y’a un côté Starship Troopers dans cette menace. Je comprends mieux pourquoi des forts nains surplombent l’Inframonde. Ça transpire les camarades morts déchiquetés, la corruption de l’être cher, les choix du moins pire et tout ça, pour protéger un monde qui vous ignore ! (Le premier qui me dit que c’est aussi le lot des Crabes dans L5R a totalement raison, j’aime tellement ce genre d’histoires aussi !)

Dans Eberron, pour représenter la démence de Khyber qui aurait une incarnation physique à son être, c’est juste nickel !

Et là j’ai encore dans les manches la dernière menace, quelque chose de merveilleusement mortel ! Laissez-moi vous présenter…

Le Sublime disloquant : beauté absolue et mortelle

« Découvrir un territoire imprégné par l’énergie de la sublimation est une expérience bouleversante. Ici, le temps paraît à la fois immobile et mouvant. On devine, parmi le foisonnement, des formes qui viennent d’époques oubliées, fossiles. La mort n’existe pas et pourtant la menace existentielle est omniprésente. Les créatures qui succombent se décomposent durant quelques jours, leurs restes sont transfigurés en sculptures végétales surréalistes. Des fleurs s’épanouissent dans les crânes, au milieu des ossements, tandis que ceux-ci deviennent des racines ou des branches. L’air lui-même paraît plus épais et irrégulier, parcouru de veines opalescentes éphémères qui génèrent des ombres pâles et évanescentes. Les sons, perturbants, se répandent en échos et diffractions, quand ils ne sont pas soudainement étouffés. »

Alors c’est pas de moi, c’est dans le livre et je trouvais la description tellement parfaite que je ne voyais pas comment présenter ça autrement. C’est la partie merveilleusement psychédélique de cette part de l’univers. En résumé, c’est une force qui désire ressusciter un monde originel de la plus belle chatoyance qui vous sera permis d’observer avant… hé bien de tout simplement, d’en mourir. C’est une forme de conscience exubérante qui pousse à l’excès faune et flore, et qui n’a comme but que de dominer le monde qui l’entoure. Une sorte d’ogre qui dévore ce qui existe pour réengendrer une sorte de Pangée de la vie originale.

Et de cette Pangée démente, il y a des fulgurances comme le dragon sublime. Une sorte de Dragon à plumes colorées dont le souffle engendre la vie en tuant l’ancienne. On trouve aussi des héros ayant  succombé au Sublime, devenant ses avatars comme le Jardinier ou la Lunale.

Niveau univers, le Sublime disloquant prendra bien sa place dans une campagne Stryxhaven pour son côté mystique et incontrôlable. Un sujet d’étude pour des mages sans doute inconscient du vrai danger de ce qu’ils étudient !

Voilà par quoi je voulais commencer ma chronique parce qu’à mon sens, c’est suffisant pour se laisser tenter. C’est l’essence du merveilleux, du mortel et de la découverte fascinée. Rien que pour ça, j’aime ce complément ! 

Néanmoins afin d’être complet, je vais vous parler du reste !

J'entends le loup, le renard et l'aboleth !

Liste des périls, bestiaire et nouvelles espèces

“Jusqu’aux peintures rupestres, l’Inframonde cherche à vous tuer…Après, parfois, la mort est souhaitable quand on voit le reste.”

Tout d’abord, commençons par la liste des périls que l’on peut rencontrer sous terre avec l’exemple qui m’a fait plaisir : il y a un passage sur l’absence de lumière et ses conséquences. Souvent, dans les livres dédiés à ces mondes souterrains, on parle des problèmes des races locales vis-à-vis de la lumière du jour mais on s’intéresse rarement à ceux qui viennent de la surface. Que ce soit une maladie qui dépigmente la peau, en passant par les repas à la fadeur éternelle de champignons, cela résume bien le problème de jouer un personnage qui n’est pas né dans ce monde. C’est ce genre de petits détails que j’oublie de faire jouer, ici formalisées très simplement, et ça vous donne une référence pour arbitrer les problèmes du quotidien de vos PJ.

Le bestiaire n’est pas en reste. Il reprend des classiques du bestiaire à la sauce DD5 (le vase, l’oxydeur..) avec des petites variantes (rappelez-vous de mon hydre plus haut) tout en ajoutant une belle brochette de créatures inédites. L’infropossum en tête, qui permet de fabriquer des potions de préservation des morts, la classe quand même non ? Et puis y’ a aussi le dragon des profondeurs dépourvu d’ailes (pour pouvoir mieux se faufiler dans les galeries) qui devrait pouvoir surprendre vos joueurs.

Enfin vous allez retrouver les espèces « classiques » des mondes d’en-dessous avec ces Duergars, Drows, Svirneblins et même les Torves qui sont, comme Dragons sait le faire, revisités afin de ne pas faire trop de redite avec la version originale. 

On peut y rajouter les Sidhes, création des racines d’Eana qui fait pousser des chrysalides dont émergent ces deux-fois-nés.  C’est assez spécifique à l’univers de Dragons mais c’est une petite touche de poésie facilement utilisable.

Franchement, ça se lit facilement, c’est dans l’esprit modulable de Dragons avec du neuf, du repensé et du classique, le tout utilisable avec ou sans Eana.

"peril mortel ou familier mignon ? les deux !"

En bref

Studio Agate a marqué le coup avec ce livre qui est une vaste boîte à outils et c’est une excellente nouvelle parce que pour l’instant en DD5, il y avait peu de références. 

Il y a bien la campagne Underdark de WotC qui fournit quelques idées mais laisse le lecteur sur sa faim… Quant à Eberron qui a tout un pan de jeu sous terre, il ne lui donne pas la place suffisante pour être vraiment exploitable.

Un livre entièrement dédié à ce type d’aventure est donc une excellente nouvelle !

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