Antika (VF) : Preview de la 2ème édition

Le Quarantenaire était perturbé. D’habitude il n’allait pas aux courses hippiques. Principalement parce qu’il ne jouait déjà pas au jeu des petits chevaux. Mais là avec les colonnes en marbre, les statues musculeuses et la petite couronne de vigne sur la tête, fallait dire que ça avait de la gueule.

Aujourd’hui vous l’aurez compris, enfin je l’espère, sinon quelle image avez-vous de moi, on va parler Antika : un jeu de rôles français sur une Grèce antique mythique, actuellement en financement participatif et dont j’ai pu lire le kit de démarrage !

Antika a déjà eu une V1 et aujourd’hui elle est de retour pour proposer une nouvelle édition. Le jeu se passe dans une Antiquité où les mythes seraient réalité, Dionysos un excellent compagnon de beuverie, et où les joueurs auraient l’occasion d’interpréter des descendants des Dieux. C’est habile, l’histoire grecque regorgeant de ces bâtards divins, et ça se goupille plutôt bien avec le concept du jeu. J’ai envie de dire : voilà une proposition alléchante !

Le Quarantenaire se glisse dans les coulisses de l'ouvrage pour en tirer l'ambroise du récit !

“Mais pour qui sont ces dés qui sifflent sur la table ?”

Au niveau de la forme, le kit de démarrage brosse un rapide portrait de la Grèce antique sans trop s’y apesantir. En soi, l’avantage d’un thème comme celui-ci, c’est qu’il est assez facile de se l’imaginer et qu’il existe beaucoup de sources d’information pour compléter sa soif de connaissances. Je suppose que le livre sera plus complet mais pour un kit, c’est correct.

Au niveau des règles, c’est là que j’ai eu un peu plus de mal, car clairement Antika va vous demander une gymnastique intellectuelle lors de vos parties. Rien de rédhibitoire, mais vous connaissez mon désamour de base pour des systèmes complexes. Maintenant, j’attendrai d’avoir le système complet sous la main pour en interpréter la logique définitive, surtout le côté “héritage divin” hissant les personnages largement au-dessus du commun des mortels. En l’état, en tout cas, je suis pas convaincu.

En gros, vous jetez un nombre de dés 10 égaux à votre compétence additionné au score de votre caractéristique. Vous ne retiendrez que le score du meilleur dé, les autres dés ayant surpassé le niveau de difficulté ajoute un +1 à votre plus haut résultat. Viendront se rajouter des bonus/malus plus classiques et des compétences que vous ne pouvez pas utiliser si vous ne les avez pas au moins à 1.

Il existe un système parallèle de trois jauges liées à l’essence même des personnages.

L’Aristeia qui représente la piété des personnages  et dans lequel on peut puiser pour ajouter des dés à ses jets et en même temps réduire la difficulté du dit jet. Cette jauge ne se rempli que lorsque vous faites preuve de dévotion envers les dieux.

L’Hubris qui représente l’embrasement de l’âme et, à mon sens, la faculté de se dépasser un bref instant. L’Hubris permet d’augmenter le résultat de votre jet de dés. Seulement, puiser dans cette réserve transcende l’instant, mais approche inévitablement le héros de son destin tragique.

En résumé la première jauge représente la perfection que tout un chacun tend à atteindre mais de manière harmonieuse. L’Hubris, lui, est l’accomplissement instantané dans la démesure.

Vient enfin la Némésis qui représente la fatalité précitée. Chaque point acquis offre au MJ des outils pour compliquer la vie des personnages : il les accumule pour multiplier les signes néfastes annonciateurs de la Moïra (alias, la fin du personnage). Souvent, ça calme. Pour les ceusses qui ne connaissent pas le sens du mot “Moïra” (Comme moi au début de cette chronique), pas de panique c’est dans le kit de démarrage. Mais je ne vais pas vous laisser en plan et voici une explication trouvée sur Wikipedia : “La Moïra est la loi de partition qui impose à chacun une part de bien et de mal, de fortune et d’infortune, de bonheur et de malheur, de vie et de mort, qu’il est du devoir de l’individu de respecter. Transgresser la mesure assignée par le destin est commettre l’Hubris, faute fondamentale sanctionnée par la némésis ou le châtiment des Dieux”.

En gros l’Hubris alimente la Némésis mais pas que, commettre un acte d’impiété a le même effet.

En somme, l’ensemble est assez complexe. Les joueurs devront bien comprendre le système pour être relativement autonome dans leurs actions et exploiter le potentiel de leurs jauges. Nécessaire pour incarner des surhumains (dans le sens descendants des dieux), thème central, en fin de compte, d’Antika.

"Ne perd pas espoir Quarantenaire ! La terre n'est pas loin et elle appelle à l'aventure"

“Et je n’ai pas cru que tes édits puissent l’emporter sur les lois non-écrites et immuables des MJ, puisque tu n’es qu’un PJ.”

Reste donc le scénario et ce fut une bonne surprise !

Le scénario (alors attention, je spoile mais bon c’est nécessaire pour comprendre le pourquoi que j’ai apprécié). Au début de l’histoire, les PJ essuient une tempête en mer et débarquent dans un village qui, à la nuit tombée, est victime d’apparition de morts sans repos. Ces morts sont en fait des “vrykolakas”. (Sache que les bestiaires antiques n’ont rien à envier aux bestiaires actuels – quand ils n’en ont pas été carrément l’inspiration). Passée la confrontation avec les morts, il s’agit de savoir le pourquoi de cette malédiction, et surtout comment la rompre. L’auteur a même prévu le joueur facétieux qui veut repartir en mode osef.

De la divination, quelques enquêtes et un zeste de fluidité, et les PJ finir par trouver une grotte cachée dans laquelle repose une amphore, source de tous les maux. A ce moment du récit, on bascule dans ce qu’est la promesse d’Antika. Dans l’amphore se trouve un Arès enfermé depuis des années et qui est devenu à moitié fou. Dans la grotte, pour veiller sur lui, sont présents Phobos et Deimos, qui craignent que des mortels abusent de la faiblesse de leur père. En lieu de place de témoin, il y a également le sournois Hermès qui, sous couvert d’anonymat, attend de voir ce que les joueurs prendront comme décision.

On est dans de l’antiquité théâtrale mâtinée de ces dieux, acteurs fourbes du quotidien des hommes jouets de leur volonté et rien que ça j’en ai goûté l’Ambroisie. Le décor n’a pas besoin de beaucoup de pages pour se déployer et il incarne toute la raison de la présence des héros. La tempête les amenant sur la côte, les vrykolakas, tout cela symbolise la main du destin qui pousse les héros à faire des choix. Vont-ils libérer Arès et ramener la guerre sur le monde ? Ou s’abstenir d’ouvrir l’amphore et provoquer l’ire de ses enfants ? Pour un scénario d’introduction, c’est plutôt épique comme choix mais dans Antika, j’en ressens la simplicité. Les PJ sont là pour lutter avec et contre les dieux : autant les mettre au diapason direct.

On finit par parler des illustrations, superbes, qui m’ont donné envie de manger mon propre raisin (et non raison comme le suggère mon correcteur… Cela dit ça reste poétique comme échange de mot). Chaque portrait de personnage prétiré donne envie de le jouer pour pouvoir se pavaner sous le dessin !

"Le Picotin d'Antika, c'est quand même un niveau au-dessus de tous les autres canassons !"

“Quarantenaire : Ce n’est pas par des mots que je veux voir donner quelque éclat à ma vie, ce n’est que par des actes.”

En gros, si je devais résumer mon avis, Antika ne ment pas sur ce qu’il vous propose. Il met le décor en place rapidement et il n’attend pas des heures de jeu pour que le thème soit dans vos mains et celle de vos joueurs. Pour moi, c’est son gros point fort, car l’Antiquité, c’est des demi-dieux qui marchent parmi les mortels pour affronter leurs parents avant de se réconcilier et ainsi de suite. Tout cela parle de près ou de loin à quasi tout le monde. Perso j’ai même fait, étant petit, un exposé sur Hercule parce que j’avais vraiment adoré ses 12 travaux. A ce titre, je pense qu’il vaut le détour pour ceux qui cherchent un jeu dans cette ambiance.

Ensuite l’offre PDF sera bientôt proposée dans le financement participatif (selon une confession de l’auteur du jeu), qui pourraient convaincre quelques indécis ou ceux qui, comme moi, ont appris à apprécier la lecture sur écran.

Et enfin, autre point intéressant, c’est la quantité des aides de jeu et des scénarios déjà disponibles sur le site de la Scénariothèque. J’en ai lu deux ou trois, par curiosité, et sincèrement ils étaient dans la même veine que celui du kit d’intro. Allez jeter un oeil, sincèrement, ca vous donnera une idée de ce que l’auteur propose et vous aidera à faire votre choix en connaissance de cause !

Lien vers le kickstarter: https://www.gameontabletop.com/cf382/antika.html

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